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En juillet 2017, Yes publiait une tribune sur le contrat à impact social (CIS) comme outil d’avenir pour financer l’innovation au service de l’intérêt général. Au cœur de cette innovation se trouve la question de la mesure de l’impact social, qui dépasse aujourd’hui le cadre de contrat et le cadre du financement.
Ce mois-ci, Yes a souhaité comprendre en quoi la mesure de l’impact social est en train de s’imposer comme un enjeu essentiel pour le développement des associations. Un levier de financement Dans le montage d’un CIS, le remboursement du financeur et la suite du projet dépend de la réussite d’objectifs préalablement établis. On comprend donc que la mesure de ces objectifs, i.e. de l’impact social, est essentielle à l’existence même du CIS. Au-delà du CIS, apporter la preuve de son impact positif sur la société devient une condition essentielle à l’obtention de plus en plus de financements, qu’ils soient publics ou privés. En effet, d’un côté, les collectivités locales, face à la baisse de leur dotation, se voient contraintes de faire un choix entre les projets qu’elles peuvent soutenir, et de l’autre, les investisseurs privés, face à la multiplication des acteurs de l’ESS, souhaitent sélectionner les projets sociaux les plus « performants ». Cette tendance est notamment confirmée par l’apparition de « nouveaux philanthropes », tels que Alexandre Mars et sa Fondation Epic ou Maurice Tchenio et sa fondation Alpha Omega, qui mettent la mesure de l’impact social au cœur de leur démarche. En effet, ces nouveaux acteurs voient leur don comme un investissement social et veulent donc s’assurer que les actions qu’ils permettent sont efficaces et ont des retours positifs sur la société. De son côté, la Caisse des Dépôts a lancé en juin dernier le Fonds NovESS pour répondre aux besoins de financements des associations, coopératives, mutuelles et sociétés commerciales de l’ESS et leur permettre de changer d’échelle. Pour soutenir cette démarche, le Fonds s’est doté d’un outil de mesure d’impact social, MESIS (Mesure et Suivi de l’Impact Social), permettant d’évaluer l’impact de chaque projet au regard d’indicateurs transversaux et sectoriels. Ce processus d’évaluation est intégré aux phases clés de l’investissement et coconstruit avec chaque entreprise financée. Un enjeu global pour le fonctionnement des structures Les bénéfices découlant de la mesure de l’impact social à une organisation ne se limitent pas aux possibilités de financement. Cette évaluation peut en effet avoir un impact positif sur tous les aspects de l’activité sociale, et ce, pour toutes les structures de l’ESS. Tout d’abord, en interne, cette mesure peut permettre de renforcer la cohérence du projet en clarifiant les objectifs, en dynamisant les équipes et en recentrant l’activité sur l’objectif social. Dans un second temps, il devient possible d’améliorer l’efficacité des actions en les pilotant au regard d’indicateurs appropriés. Pour Thierry Blaud, directeur de l’association Orchis, « Nous pouvons maintenant mesurer précisément des éléments d’ordre qualitatif que nous ne connaissions que de manière intuitive ». Ensuite, être capable de mesurer et de quantifier son impact social permet de le valoriser, de construire des argumentaires RSE plus pertinents et de mieux communiquer auprès des partenaires et des équipes. Enfin, cette auto-évaluation de l’utilité sociale peut permettre d’identifier ses spécificités et d’ainsi mieux se positionner. Il semble donc que la mesure de l’impact social soit destinée à prendre de plus en plus d’importance dans la stratégie des structures de l’ESS, quelle que soit leur nature. Cependant, malgré les bénéfices de cette évaluation et le positionnement de divers acteurs comme l’AVISE sur le sujet pour faciliter la démarche, cet impact social reste difficile à prouver, dû notamment à la nature des objectifs poursuivis et à la diversité des méthodes d’évaluation. Source : http://www.fundraisers.fr
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A l’occasion de la conférence « Rethinking Philanthropy », organisée à Genève le 12 octobre, Le Monde, en partenariat avec le quotidien suisse Le Temps, a consacré un supplément spécial (à retrouver ici) à cette pratique afin de « comprendre » autant que de « questionner » cette « dernière utopie » qu’est la philanthropie.
On y retrouve une interview un peu iconoclaste de l’économiste britannique Michael Green, qui « rêve aussi que les fondations se regroupent pour donner chaque année le prix de l'échec philanthropique le plus retentissant. Cela aiderait à libérer la parole et encouragerait la transparence. Trop souvent, dans ce monde, il s'agit d'autocongratulation au lieu de parler de ce qui marche et de ce qui ne marche pas ». On y lira aussi que l’approche capitaliste de « l'" impact investing " », est en train de « rivalise[r] désormais avec la charité, sans l'avoir encore fait disparaître ». Un article revient également sur le fait que « le potentiel de la philanthropie semble énorme. Sur les quinze prochaines années, les donateurs privés pourraient consacrer plus de 360 milliards de dollars à la réalisation des ODD [objectifs du développement] (ce qui inclut aussi des fonds dirigés vers les pays riches ou à revenus moyens) », soulignent Le Monde et Le Temps. Ainsi, selon le dirigeant de la Fondation Ikea « la philanthropie peut servir de catalyseur pour des projets plus durables, qui ont plus d'impact, en apprenant aux gens à s'aider eux-mêmes ». Mais gare aux enthousiasmes irrationnels : la philanthropie a déçu en 2017, en n’accordant « que » 7,6 milliards de dollars à l’aide au développement là où on pensait qu’elle y accordait 60 milliards. A lire enfin, un intéressant papier sur le rôle des conseillers en philanthropie. Le CV idéal ? « On doit à la fois comprendre le secteur caritatif, et être à l'aise dans le monde des grandes familles et des entreprises, estime une responsable du secteur philanthropie chez UBS. C'est un profil rare. » Si les fundraisers veulent se recycler, c’est le moment ! |
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